Je change de vie

Dimanche 5 juin 2011 19h50

Je change de vie.

Par où commencer ?

Par l’appartement sans aucun doute.

En friche depuis des mois, plus personne ni entre et il serait un candidat tout à fait crédible pour l’émission « C’est du propre ».

Après 4 jours dans mon lit, comme paralysée, à ne rien faire, volets clos, à ne même pas capable d’envoyer un CV par mail, à penser à annuler tous mes RDV de la semaine prochaine, à ne même pas prendre une douche, à ne plus supporter porter mon pantalon pour être retombée il y a 11 jours dans les affres de la boulimie et pour avoir pris 7 kgs.

Si je me rends bien compte à quel point la situation est pathétique, je ne serais pas capable de ressortir de sitôt (hormis pour le boulot) si je ne retrouve pas un équilibre rapidement. Les jours vont s’enchaîner, les kilos aussi. Je vais renoncer à mes activités, à toutes sorties et me retrouverais une fois encore à surplomber la cuvette des toilettes et entourée d'ordures de bouffe immonde.

Fille perdue, cheveux gras, nous y voilà !

Donc non, cette fois, je veux être plus forte, plus forte que les crises, plus forte que la tétanie, plus forte que tout.

Samedi prochain, c’est mon anniversaire, 26 ans. Ca fait chier. Qui aurait cru que j’en serais encore là à 26 ans, j’ai l’impression d’en avoir encore 16. Je ne veux pas devenir une trentenaire célibataire pathétique souffrant de troubles alimentaires.

J’en crèverais si rien ne s’arrange.

J’ai décidé 100 000 fois de changer de vie, parfois partiellement réussi. Je me suis amincie, je suis sortie, j’ai eu des amis. J’ai même essayé d’adopter une fois une nouvelle personnalité, celle d’une fille plus forte que je ne suis, d’une fille qui n’a pas de problème avec la nourriture. Je suis partie à l’étranger... mais rien y a fait. Les cuvettes de toilettes et les balances me suivent où que j’aille (ce qui peut être pratique parfois dans le cas des cuvettes de toilettes il faut le dire).

Il y a 15 jours, j’avais les larmes aux yeux seule au self de l’entreprise pour avaler mon poisson et mes légumes vapeurs, tant je me sens mal après. Aujourd’hui, je ne peux plus porter mon pantalon après avoir avaler en 11 jours l’équivalent calorique de ce que j’ai avalé en 5 mois. 

Pathétique certes, mais pour autant totalement hors contrôle.  Pourquoi ais-je dérapé cette fois ?

Je pense que je connais une des clés du problème.

Outre ne pas être allée consulter Edouard, le psychiatre que mon médecin traitant m’a conseillée, je n’ai également jamais totalement renoncer aux crises. Comme j’ai mis 16 ans à arrêter de sucer mon pouce (malgré le risque de détruire 6 ans d'orthondontie), j’imagine que renoncer aux choses est pour moi un processus long et douloureux. Bref, je repoussais les crises, me disais « pas aujourd’hui, pas demain, … mardi ! ». Au final, en 5 mois et pas mal de kilos en moins, je n’ai jamais passé une semaine sans crise.

Et le danger, c’est quand celles-ci se répètent et s’enchaînent comme ces 11 derniers jours et transforment rapidement votre corps… et plus vous vous sentez grosse, plus les pulsions, échos du mal-être, sont fortes et irrésistibles.

Je sais qu’en dessous de 57 kgs je me sens bien.  Je veux y arriver. Je ne veux plus me forcer à manger.

Donc comment puis-je changer de vie ?

L’avantage quand vous êtes au plus bas, est que tout effort parait significatif.

Un jour, un copain m’a dit : « le désordre de ton appartement reflète le désordre qui règne en toi » ou un truc du genre. Bref, ce copain est coutumier de la psychologie à deux balles que j’exècre. Cependant, cette réflexion m’a marqué. Le bordel de l’appart reflète son bordel intérieur. Laisser aller les choses aux chaos, reflète le laisser aller qu’on a pour soi-même. Dans mon cas, la corrélation me semble totalement justifiée.

Alors par quoi commencer pour changer la donne ?

PAR L’APPARTEMENT.

J’ai eu 4 jours pour le faire et je commence un dimanche soir à 20h25. Totalement réaliste comme toujours. Il me fallait vraiment 4 jours pour le faire. Bref, je vais faire ce que je peux. J’aimerais aussi aller courir 1 heure (en alternant course et marche) pour m’aider à éliminer les excès du week-end, supporter à nouveau mon pantalon et surtout me donner le courage de sortir de la spirale de la boulimie dans lequel je me réengage malgré moi, ... malgré tout.

Je voudrais aussi envoyer mon CV pour cet été. J’aimerais bien accompagner des ados sur un camp itinérant à l’étranger. Mon âge, mes diplômes, mon expérience, et ma maîtrise des langues étrangères sont de mon côté, le timing un peu moins. Comme d’habitude, je m’y prends trop tard. Je ne me projette jamais bien loin, donc août jusque là, ça me semblait très, très loin.

20h26. Top chrono. J’essaie de faire ce que j’ai écrit.